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Photo : Valérian Mazataud - Le Devoir
Ingénieur civil, Bing Liu dirigeait des équipes de cent personnes, alors que sa femme, Xiang Lu, enseignait l’anglais.
Derrière le vendeur de bière du coin se cache parfois un ingénieur en aéronautique ou un professeur aux multiples doctorats. Le dépanneur, défi ou voie sans issue pour les immigrants qualifiés?
En 2007, la chaîne 7-Eleven décidait de rendre hommage au plus célèbre gérant de dépanneur, Apu, propriétaire du magasin imaginaire Kwik-E-Mart dans la série Les Simpson. Pour l'occasion, elle transformait 12 de ses magasins en Kwik-E-Mart, quitte à faire grincer quelques dents chez ses franchisés d'origine indienne.
Il faut dire qu'Apu accumule les clichés, dont celui de travailler nuit et jour, et d'être détenteur d'un doctorat en informatique, malgré son emploi peu qualifié. Au Québec, il n'est pas rare de croiser un chauffeur de taxi médecin, ou un patron de dépanneur ingénieur, mais difficile de coller des statistiques derrière l'anecdotique.
Pour Elizabeth Giacchi, conseillère d'orientation à l'Alliance pour l'accueil et l'intégration des immigrants, ce n'est pas juste un cliché. «Pour moi, le sous-emploi est un constat. 90 % de mes clients sont des diplômés et la réalité, c'est qu'ils ne décrochent pas d'emploi en lien avec leur formation.»
Au dépanneur Ying Jia, dans le quartier Rosemont, les deux propriétaires occupaient des emplois qualifiés en Chine. En tant qu'ingénieur civil, M. Bing Liu dirigeait des équipes de cent personnes, alors que sa femme, Mme Xiang Lu, enseignait l'anglais au niveau collégial. À son arrivée au Canada, cette dernière a occupé un poste dans une garderie durant deux ans avant de reprendre un dépanneur à la naissance de sa deuxième fille. Le travail est dur, mais les horaires sont flexibles pour la famille, reconnaît-elle.
Son mari, qui pour sa part parle moins bien le français et l'anglais, n'a pas travaillé avant d'ouvrir le dépanneur. «Il est de plus en plus rare que les travailleurs qualifiés acceptés au Québec ne parlent pas le français, mais parfois leur niveau est loin d'être suffisant par rapport à la position qu'ils devraient occuper», reconnaît Mme Giacchi. Pour Guy Leroux, porte-parole de l'Association canadienne et québécoise des dépanneurs en alimentation, le dépanneur est un commerce facile à opérer même sans bien connaître la langue.
Deux ans après leur arrivée, un peu plus du quart des immigrants qualifiés occupent un poste dans la vente et les services, selon Citoyenneté et Immigration Canada (CIC). Au Québec, près de 15 % des immigrants travaillent dans le commerce de détail, rapporte le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles.
Cependant, plus que la langue, c'est véritablement l'expérience de travail au Canada qui manque à la plupart des postulants. «Ça peut prendre plusieurs années avant de décrocher un emploi en rapport avec sa formation, mais avec une famille à charge, c'est tout un défi», explique Mme Giacchi. Une enquête du CIC montre qu'au bout de deux ans, seuls 36 % des immigrants qualifiés auront trouvé le travail qu'ils cherchaient à leur arrivée.
Pour autant, plus de 80 % d'entre eux se disaient satisfaits de leur emploi. «Je suis arrivée ici à 37 ans. Ma priorité, c'est l'éducation de mes enfants, pas ma réussite professionnelle. Je ne regrette pas mon emploi précédent, l'important c'est l'éducation, peu importe le poste qu'on occupe, ce qu'on a appris ne nous quitte jamais», résume Mme Xiang Lu. |
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